samedi 9 mai 2009

Castres. Emploi en Inde : elle se sent "humiliée"

Véronique Jacobé, employée chez Carreman, est concernée par la proposition de reclassement en Inde. Elle témoigne de sa colère.

Véronique Jacobé se dit écœurée par l'attitude de ses patrons.





J'ai été très choquée. On a d'abord l'impression de ne pas avoir bien fait son travail. Mais avec le recul, on trouve cela injuste. Car je n'ai jamais rechigné au travail. Je n'hésitais pas à faire des heures supplémentaires, à revenir le samedi en cas de besoin. J'ai toujours été là quand on me le demandait. Je ne disais jamais rien, je ne me plaignais jamais. On a le sentiment que notre travail n'est pas reconnu alors que j'avais l'impression de le faire correctement.

Et lorsque vous avez appris cette proposition de reclassement en Inde ?

C'est un peu plus tard quand j'ai lu tous les papiers qu'on m'avait donnés que j'ai vu cette proposition. Je me suis dit que la direction nous prenait pour des imbéciles. Cela voulait dire clairement que les patrons n'avaient aucune intention de nous reclasser et qu'ils voulaient qu'on parte c'est tout, qu'ils s'étaient bien servis de nous et maintenant qu'ils nous jetaient comme des moins que rien.

Avez-vous quand même réfléchi à la possibilité d'aller travailler en Inde ?

On ne peut pas réfléchir à cette proposition. Ma famille est ici, toute ma vie est ici. On ne peut pas dire oui à ce plan, et ils le savent très bien. En même temps, s'il y a des gens qui travaillent pour ce salaire dans d'autres pays, je comprends que la France ait du mal à garder ses emplois.

Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?

Je vais me battre jusqu'au bout. Car je me sens humiliée. Habituellement je suis quelqu'un qui ne s'exprime pas, je fais mon travail sans rien dire. Mais là je suis révoltée et en colère parce que ce n'est pas normal et que tout le monde doit le savoir. Gentil, cela ne veut pas dire con. La direction aurait pu essayer de nous proposer autre chose comme reclassement. Cette proposition est inacceptable et cela prouve simplement que nos patrons n'ont aucune considération pour leurs employés.

Vos collègues pensent-ils la même chose ?

Je suis un peu le porte-parole de mes collègues qui ont peur, soit parce qu'ils craignent de ne pas retrouver du travail en s'affichant ainsi, soit parce qu'ils ont peur d'être les prochains concernés par un licenciement.

Vous pensez qu'il y aura d'autres licenciements parmi les 90 salariés actuels à Castres ?

Oui bien sûr. Là il licencie un petit groupe de neuf pour éviter des procédures plus lourdes qu'il faut mettre en place à partir de 10 licenciements. Mais il y aura d'autres groupes de neuf qui vont être virés. Ils nous ont déjà dit qu'ils ne laisseraient qu'une petite cellule ici à Castres.

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Carreman avait déjà proposé des reclassements en Roumanie

Ce n'est pas la première fois que le groupe Carreman propose ce genre de reclassement à l'étranger. En juin 2005, une dizaine d'employés d'une de ses filiales dans les Vosges, le tissage Levêque, avaient eux aussi reçu une proposition de reclassement du même genre après avoir appris qu'ils étaient licenciés. Mais là c'est dans l'usine du groupe en Roumanie que les salariés étaient reclassés pour 135 € par mois. Et à l'époque certains salariés de Carreman à Castres s'étaient demandés si cette proposition ne leur serait pas faîtes un jour…

Source: ladepeche.fr

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