mardi 12 mai 2009

Castres. L'offre d'emploi en Inde était «bidon»

Les employés de Carreman bientôt licenciés ne pourront jamais obtenir un visa de travail pour Bangalore. Le salaire proposé est trop bas.



La proposition de reclassement dans une usine textile en Inde qui a été faite aux neuf salariés de chez Carreman prochainement licenciés de l'usine du Travet, n'est pas seulement « indécente » ou « scandaleuse » comme cela a été dénoncé de toutes parts depuis jeudi dernier. Cette offre de départ pour la ville de Bangalore, mégapole indienne de 5 millions d'habitants, pour travailler dans l'usine filiale de Carreman comme opérateur de couture sur machine à 4500 roupies par mois (69 €), n'est finalement qu'une fausse proposition.

Ancien président de la chambre de commerce indo-française à Pondichéry, Alain Bauries, responsable d'une société d'édition en Inde et qui a quelques attaches dans le Tarn explique : « Ces offres d'emploi n'ont aucune valeur juridique. Elles sont complètement bidons. Aucun de ces salariés ne pourra obtenir un visa de travail pour partir là-bas avec un salaire inférieur à 50 000 roupies mensuels. » Soit 776 € c'est-à-dire dix fois plus que le salaire proposé par Carreman Silver Crest Clothing India.


Si l'Inde en effet est plutôt prévenante pour laisser entrer chez elle des Français « super-diplômés », elle est beaucoup plus réticente à l'immigration chez elle de modestes ouvriers. Au Consulat de France à Paris, un technicien responsable des visas confirme : « Généralement, il faut que la personne qui souhaite obtenir un visa de travail (Employment Visa) en Inde fournisse un contrat de travail de 50 000 roupies par mois environ. Parfois, le visa peut être accepté pour un peu moins. Cela dépend du dossier. Mais dans tous les cas, on ne délivre pas d'Employment Visa pour des salaires de 5000 roupies. »

Et il ajoute : « Il est très difficile pour un Indien de vivre chez nous avec 5000 roupies. »

Alain Bauries, le chef d'entreprise ajoute : « A Bengalore, la vie est très très chère. Avec un salaire de 4500 roupies, les Indiens vivent dans une hutte. »

A Pondichéry, Joëlle Rayet, consul général de France explique pour sa part : « C'est effectivement pour obtenir le statut d'expatrié qu'il y a quelques difficultés liées au niveau de salaire. »

Dans le pire des cas donc, si l'un des neuf salariés de Carreman venait à accepter la proposition de leurs patrons François Morel et Eric Baïsse, il ne pourrait en aucun cas obtenir un visa de travail auprès de l'Ambassade à Paris. La proposition surréaliste de reclassement en Inde semble donc totalement inapplicable.

Avec 4500 roupies, c'est la misère


Si l'on regarde de près le coût de la vie en Inde, et en particulier dans la ville de Bengalore, le salaire mensuel proposé par Carreman fixé à 4500 roupies (Rps), ne permet pas de vivre dans de bonnes conditions comparables à celles d'employés rémunérés à hauteur de 1200 € en France. Le loyer d'un appartement correct coûte environ 10 000 Rps mensuels. Une bouteille d'eau 10 Rps, une bière 50 à 100 Rps, une chambre d'hôtel de 100 à 300 Rps, un litre de gasoil 30 Rps, un pantalon 200 Rps, un repas au restaurant 70 Rps ...etc.

En 2007, le salaire moyen de la grande majorité des Indiens était de l'ordre de 60€ mensuels.

Source : ladepeche.fr

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